mardi 10 mars 2009

Photographie, ou le cliché qui valait deux millions...

La photographie est un secteur encore jeune dans le milieu du marché de l’art, la progression des prix de cette discipline sur le marché de l’art n’est pas exponentielle ni régulière mais plutôt sujet à des soubresauts. Quel état des lieux peut-on faire quant à ce secteur sur le marché ?

1- la rareté n’a pas de prix
La rareté n’a pas de prix et la France reste le vivier de la photographie dite « primitive », la photographie ancienne. Grâce aux expositions institutionnelles, la reconnaissance de ces photographes est devenue bien réelle. Aujourd’hui, ils ont été « récupérés » par le marché. Pour illustrer ces dires, prenons l’exemple de l’année 2007, et plus précisément la vente Eugène Cuvelier (1837-1900), un artiste rare dans les ventes publiques. Depuis sa rétrospective au MOMA de New York (1996), la côte de cet artiste a grimpé en flèche et les résultats obtenue pendant la vente Sotheby’s à New York le 13 avril 2007 ont été exceptionnels ! Idem pour Gustave Le Gray (1820-1884), un génie révélé par l’exposition de la Bibliothèque Nationale de France en 2002. A œuvres prix rare, prix imbattables !

2- De l’importance des provenances
La photographie est un multiple. Comment individualiser un cliché ? Par son état de conservation, ses dimensions, son tirage mais aussi par sa provenance de plus en plus pris en considération par le marché. C’est ainsi qu’un tirage de Louis Vigne (1831-1896) ayant appartenu à l’historique Duchesse de Berry s’est vendu 82 000 euros chez Choppin de Janvry à Paris le 30 mai 2007. Mais en dehors du contemporain si la spéculation s’affiche, tout s’écroule. On ne remet pas en vente des clichés achetés depuis peu !

3- Spéculations en contemporain
Superprofit dans un marché dominé par les collectionneurs anglo-saxons. Les idoles sont les allemands Thomas Ruff et Thomas Struth, l’américain John Baldessari, l’américaine Cindy Sherman ou encore le japonais Hiroshi Sugimoto et surtout l’américain Richard Prince qui enfoncé la bare des deux millions de dollars le 14 novembre 2007.

4- Les marchés émergents
Les chinois explosent. Les prix obtenue par les artistes de l’empire du Milieu n’en finissent pas de progresser, les acheteurs sont occidentaux et chinois. On pari sur Weng Fen, Zhang Huan, Wanf Quingsong. Aujourd’hui à chacun d’avoir « son » chinois ! Le Moyen-Orient propulse ses artistes sur le devant aussi. Quand aux photographies des artistes indiens ou russes, elles sont encore, dans les salles de ventes, d’une bien étonnante discrétion. Cela ne saurait durer.
On assiste à la montée en puissance de la photographie contemporaine, Elle intéresse les nouveaux jeunes collectionneurs très actifs qui privilégient les images de leur époque. Malgré le soutien de nos institutions, la photographie contemporaine française pénètre difficilement dans le marché mondial.
Sur le marché mondial, 40% des lots demandent un investissement minimal de 5 000 €. La photographie n’est pas le parent pauvre du marché de l’art et attire des collectionneurs aussi fortunés que ceux qui se ruent sur l’impressionisme.
En France, la photographie n’est pas chère. S’agit-il d’un marché immature ou d’une caverne d’Ali Baba ? On privilégiera l’interprétation que l’on voudra ; au pays de Daguerre et Nadar, les photos à plus de 5 000 € ne concernent qu’un dixième des adjudications, quatre fois moins que sur le marché international.

Esther

lundi 9 mars 2009

Les riches collectionneurs russes prennent possession des enchères

Depuis quelques temps, l’on voit des œuvres et des objets d’art se vendre à des prix bien plus haut que leur estimation. Que se passe t-il donc dans les salles de ventes aux enchères ?

De grands collectionneurs russes qui se sont enrichis grâce aux privatisations lancées en 1991, tendent à reconstituer leur patrimoine national à n’importe quel prix.
Ainsi, l’on voit des œuvres anciennes mais aussi contemporaines d’artistes russes vendus à des prix « fous ». Notamment un œuf Fabergé recouvert d’un email rose et d’or ciselé a été adjugé pour un montant de 12,5 millions de dollars Alexandre Ivanov qui récupère ainsi cet objet qui appartenait autrefois au patrimoine russe.
Ainsi, Sothby’s et Christies enregistre une augmentation de 46% de vente d’art russe en 2007 par rapport à l’année précédente. Les principaux responsables de cette augmentation étant les grands collectionneurs russes.

Les collectionneurs russes sont présents sur tous les fronts. Boris Ivanishvili obtenait en 2006 pour 95 millions de dollars le Portrait de Dora Maar par Picasso ou Roman Abramovitch qui nous le rappelons est le propriétaire du réputé club de foot de Chelsea, achète la même année pour un montant de 33,6 millions de dollars, un nu de Lucian Freud.
Et la liste est longue d’adjudication à des prix exorbitants obtenu par André Laskoy ou bien Alexei Harlam deux autres grands acheteurs russes.

On a vu ainsi apparaître, grâce à ces oligarques russes, un nouveau comportement d’acheteur et donc de nouveaux scénarios dans les salles de ventes.
Une guerre à l’enchère sur un système de folles enchères sauf que, à la différence de ces dernières le dénouement est heureux pour les marchands puisque les acquéreurs sont eux solvables.

Entretien avec une ancienne élève de l'ICART, Elodie Michaud.

Quel formation avez-vous suivit ?

Après un bac S, j’ai décidé de faire une préparation littéraire hypokhâgne, khâgne, puis une licence d’histoire à la faculté, option histoire de l’art. Ensuite j’ai intégré l’école du Louvre, pendant 2ans. Et enfin, je suis entrée à l’ICART, en première année. La direction m’avait proposé de rentrer en deuxième année directement mais j’ai préféré suivre la formation entièrement. J’ai suivit les trois ans à l’ICART, à l’époque il n’y avait pas de master, mais je pense que si il avait existé j’aurai également fait le master.


Quels stages avez-vous fait ?

J’ai effectué mon premier stage dans la communication auprès d’une femme qui créait sa marque de parfum, je me suis occupée de sa communication et j’y suis resté pendant six mois. Ensuite, j’ai fait un stage de six mois également mais dans le marché de l’art, dans une petite galerie impressionniste et moderne. Puis je suis rentrée chez Chanel au service conservation où je m’occupais exclusivement de la conservation des œuvres et de l’image de la marque. Ce stage m’a tellement plu que j’y suis restée environ un an. J’ai découvert l’art contemporain en stage dans la galerie Hopkins Custot pendant six mois. Et enfin, j’ai fait un stage dans une agence de design pendant quelques mois.
J’ai terminé l’ICART puis j’ai travaillé dans des petits boulots par ci par la, pendant que je suivais des cours du soir de stylisme. A l’époque, je ne cherchais pas forcement dans le marché de l’art.

Alors comment êtes vous entrez dans la galerie Hopkins Custot ?

En faite, au bout d’un an, la galerie Hopkins Custot m’a appelé pour que je remplace un congé maternité. J’ai commencé à travailler quelques jours par semaine puis quand elle est revenue de son congé, je suis restée. Progressivement, j’ai obtenu un temps plein. Depuis septembre, je travail en temps plein dans la galerie Hopkins Custot.

Quel est votre poste exactement ?

Je suis assistante galerie. Je m’occupe la galerie : j’écris des textes sur les œuvres, j’assiste, je fais des fiches, je fais des photos, je mets à jour le site internet… Mais il y a aussi l’organisation des salons, là par exemple, nous allons commencer à nous occuper du pavillon des arts et du design. Je dois aussi gérer la bibliothèque, les fonds documentaires, rechercher des livres susceptible de nous intéresser, des catalogues d’exposition par exemple. Et je dois bien évidement m’occuper de l’accueil des clients dans la galerie.

Qu’est ce que l’ICART vous a apporté ?

L’ICART m’a surtout permis de mettre un pied dans l’univers professionnel, ce qui n’est pas du tout possible en faculté ou même après l’école du Louvre. Les stages sont un réel avantage. Car, par exemple, l’école du Louvre est très renommé mais si on décide de ne pas passer les concours comme celui de conservateur, les débouchés sont relativement restreintes, on n’a pas d’expérience. De plus, cela m’a permis de toucher à plein de domaines différents et de voir à peux près dans quel domaine je voulais travailler.

Avez-vous un souvenir qui vous a marqué au cours de l’ICART ?

J’adorais les cours de M. Chalumeau m’on laissé un très bon souvenir, ils m’ont appris à voir l’histoire de l’art d’un œil nouveau.

Florine

L’Expert et l’Expertise

L’expertise

C’est un dispositif d’aide à une décision amiable, juridictionnelle ou publique dont le principal objet est de contribuer à la recherche de la vérité technique ou scientifique dans des affaires où les personnes qui en ont la charge sont confrontées à des questions hors de leur compétence.

Il est plus prudent de faire expertiser et assurer ses biens culturels et œuvres d’art car en cas de sinistre, c’est la seule garantie de pouvoir conserver son patrimoine ou en transmettre la valeur à ses bénéficiaires.

L’expert

Que se soit en indépendant ou au sein d’un cabinet, quelque 12 000 experts d’art exercent en France dans plus de 70 spécialités différentes allant de l’archéologie à la numismatique, des estampes anciennes à la lutherie…

Le port du titre « d’expert en œuvre d’art » et son usage ne sont subordonnées à aucune condition, à aucun contrôle, pas plus qu’à l’appartenance à un ordre ou une organisation professionnelle spécifique. A ce jour, il n’existe pas de statut des experts.

Pour parer à l’absence de réglementation et de formation spécifique de la profession, les experts d’art se regroupent au sein de divers syndicats professionnels et d’associations. Code de déontologie, délai d’exercice, clause de moralité, sélection des adhérents… sont quelques mesures prises pour encadrer la profession. Plus de 400 experts y sont affiliés. Il existe le Syndicat français des experts professionnels en œuvre d’art et objets de collection (SFEPOA), le plus ancien, compte 140 membres. La compagnie des experts spécialisés en œuvre d’art (CNES), créée en 1967, compte 130 membres. Et la compagnie nationale des experts (CNE), fondée dans les années 1977, regroupe 140 membres.

La plupart d’entre eux sont experts agrées par la cour de cassation, inscrits auprès d’une cour d’appel, d’un tribunal administratif, et/ou assesseurs nommés en qualité auprès de l’administration des Douanes ou des domaines. Ils offrent en France comme à l’étranger, leurs services aux héritiers, légataires ou donataires d’objet d’art, aux collectionneurs et amateurs, à la Justice, aux Musées, aux administrations publiques ou privées, aux officiers ministériels pour tout conseil, toute expertise, toute transaction et, toute participation lors de ventes aux enchères publiques, qu’ils soient sollicités par les Commissaire-priseur ou par les vendeurs.

Les honoraires des experts varient entre 1% et 5% de l’estimation. Ceci sans compter les différents frais qui peuvent s’ajouter comme les déplacements, l’expertise scientifique…

Les experts ont pour mission :

· Identifier

· Authentifier

· Estimer

En matière d’Art et d’Antiquités, la diversité des domaines est tellement importante, qu’une connaissance globale poussée ne peut être le fait d’une seule personne, c’est pourquoi les experts gagent un maximum de trois spécialités pour lesquelles ils ont acquis un renom sur le plan national en donnant la preuve indubitable de connaissances étendues.

Les experts s’engagent à remplir leur charge avec sincérité, impartialité, compétence et intégrité. Le client s’adresse à un expert dans le cadre d’une mission de confiance. Outre la délivrance d’inventaire ou de certificats, l’expert peut également avoir un rôle de conseil, tant vis à vis du vendeur que de l’acheteur potentiel, il doit donc agir en toute indépendance.

L’expert est tenu à la plus stricte confidentialité. Sa responsabilité est engagée pour une longue durée de par la loi : dix ans en vente publique et trente ans dans une expertise de gré à gré. En cas de litige, son assurance professionnelle, contractée obligatoirement, se substituerait à lui pour un éventuel dédommagement.

C’est l’expert spécialisé qui décrit et détermine la valeur de chaque objet consigné dans un rapport qui fera autorité en cas de contestation.

Lors de transmissions de patrimoine, de donations, successions ou partages de famille, l’assistance du professionnel permet de gérer ces situations avec tout le sérieux qu’elles méritent, au regard des sommes parfois importantes mises en cause. Ce travail est réalisé soit directement à la demande des familles soit sur un ordre de mission établi par notaire ou huissier. A l’issue des partages de famille et dans le cadre de sa mission de conseil, l’expert peut aider à la mise en vente de certains objets, meubles ou tableaux qui n’auront pas été partagés. Il intervient d’ailleurs d’ailleurs très fréquemment à la demande du commissaire-priseur afin de garantir l’authenticité des biens vendus et apporter ainsi la caution de son expertise.

L’expert spécialisé a aussi un rôle à jouer dans le cadre des assurances et son travail peut être prépondérant pour le bon règlement d’un dossier. Une expertise préalable a pour but de déterminer la matérialité, l’authenticité, l’état de conservation et la valeur des biens à assurer. Ce document permet à l’assuré de choisir un contrat adapté à son patrimoine et d’avoir ainsi une garantie couvrant les biens à leur juste valeur. Ce rapport sert également à prouver l’existence des biens disparus en cas de vol, et tous les éléments qui y figurent permettent de les identifier s’ils sont retrouvés ; il ne faut pas oublier qu’en cas de vol, le propriétaire doit apporter la preuve que le bien lui appartenait. En cas de sinistre, l’expert spécialisé intervient pour chiffrer le dommage en valeur de remplacement (prix d’achat sur le marché de l’art) et devient alors l’interlocuteur de l’expert de la compagnie d’assurance ; il a pour mission d’obtenir la plus juste indemnité pour l’assuré. Ce travail facilitant nettement le règlement des dossiers, la majorité des compagnies d’assurance a décidé de prendre en charge tout ou partie des honoraires de l’expert de l’assuré en cas de sinistre.

L’expert peut donner un avis oral à son client, mais son rôle principal est de délivrer un certificat écrit par lequel il engage sa responsabilité. Ce certificat est unique et soumis à des règles strictes, il décrit aussi précisément que possible les caractéristiques de l’objet (époque, auteur, usage, état…). Le certificat constitue une véritable carte d’identité de l’objet et doit le suivre en toute circonstances. Ce certificat trouvera toute son utilité en cas de partages, ventes, sinistres, vols et litiges de toute nature.

Les considérables catalogues de ventes publiques rédigés par les experts français, catalogues non seulement descriptifs et illustrés, mais encore raisonnés et critiques, et dont beaucoup ont, jusqu’à ces dernières années, constitués les seuls ouvrages de références dans d’innombrables domaines, sont là pour marquer la place primordiale des experts.


Julie

Le marché de la BD, une bulle effervescente!

Si le marché des planches originales est désormais connu de tous, le marché des éditions originales et des objets dérivés fait moins les gros titres. Une petite remise à niveau ne serait pas inutile.

Le marché originel de la BD est et a toujours été la bibliophilie, c'est-à-dire l’album en lui-même qui pour les lecteurs de 7 à 77 ans, est la combinaison du plaisir de la lecture et de l’amour du dessin. L’affection toute particulière qui lie un lecteur et un album fait donc de chaque amateur un potentiel collectionneur ! Ce marché est devenue de plus en plus pointu et rigoureux. Les éditions originales prirent réellement leur essor au tournant des années 1970-1980 alors que les premiers tomes des séries populaires étaient épuisés depuis longtemps ou réédités dans une qualité d’impression inférieure. Aujourd’hui aux enchères, les éditions originales d’une série ayant connu un succès public se vendront de 25 à 7 000 €, les vedettes du 9ème art tenant bien entendu le haut du pavé. Ainsi en est-il de l’édition originale de Rodeo (Dupuis, 1949), deuxième tome des aventures de Lucky Luke par Morris, vendu 5 220 € le 19 mars 2005 chez Tajan. Mais également des Cigares du pharaon, une aventure de Tintin par Hergé (Casterman, 1942) vendu 6 264 € le 19 avril 2008 chez Tajan.

A Drouot, des affaires sont toujours possibles, notamment lors des ventes de lots, mais attention aux déchirures, cornages et autres tâches, apanage des BD maltraitées : les collectionneurs exigeants ne s’y attarderont pas. Attention aussi aux séries surcotées ayant profité d’un effet de mode ces dernières années. Car c’est l’autre réalité du marché de la BD : beaucoup de prix sont rachetés. En effet les prix croissant de façon parfois irrationnelle, ce marché s’est essoufflé et se retrouve, depuis quelques années, en perte de vitesse pour le bas et le milieu de gamme. A Drouot comme chez les libraires, seules les séries phares en excellent états restent, plus que jamais, des valeurs sûres.

Une frénésie semblable, mais heureusement éphémère, s’est emparée des collectionneurs avec la multiplications des éditions de luxe, ou « tirages de tête », publiées par une myriade de petites maisons spécialisées et de libraire qui, éblouis par le succès, n’ont pas vu l’essoufflement d’un marché en manque de renouvellement. L’industrialisation des procédés a vite été trop voyante ; réutilisation des même maquettes, applications des même tirages et banalisation du principe pour tous les titres, ont fini de décevoir un public pourtant prêt jusqu’à là payer 150 € pour certains albums !

Pour relancer l’envie des lecteurs, un troisième mouvement fit son apparition, lancé cette fois par les librairies, celui des ex-libris, des tirés à parts numérotés et signés par l’auteur, insérés dans les albums. Balançant entre objets de collection et produit de mode, les ex-libris ont connu depuis un très net recul après une véritable folie ! Encore une fois le succès de l’opération a entraîné une surproduction entraînant par la suite une baisse de la qualité des supports, passant progressivement de la sérigraphie à l’offset, véritable insulte aux amateurs avisés. Désormais seul le haut de gamme en excellent état pourra trouver preneur, le marché dans son ensemble tournant le dos à ces objets dérivés trop commerciaux.

La BD, a fait un beau chemin depuis sa revalorisation et a définitivement gagné ses lettre de noblesse au point de se professionnaliser et de conquérir jusqu’à Drouot Montaigne, disputant aux enchères millionnaires de l’art moderne et contemporain les cimaises des ventes les plus prestigieuses. Par conséquent, les perspectives à Drouot n’ont jamais été aussi réjouissantes, mais seulement pour les produits exceptionnels… dans un état exceptionnel !

Esther

Entretien avec un marchand d’art ancien

On se demande souvent si vendre de l’art rapporte vraiment ou si la plus valus n’est autre que le plaisir de vivre de sa passion.
Jacques Cerdain est marchand d’art ancien à bordeaux dans le quartier des chartrons depuis 29 ans. Nous lui avons posé des questions quant à sa vocation de marchant d’art.


Lorsque vous avez commencé dans les années 70, vous êtes vous tout de suite installé dans le quartier des Chatrons à Bordeaux ?
Jacques Cerdain : Au départ j’habitais aux alentours de Royan et j’avais ouvert un petit local où j’entreposais mes trouvailles pour les vendre. Cependant, je me suis vite rendu compte que pour faire fortune dans ce milieu il fallait travailler aux côtés des plus connus. Dans ce métier là tout est une question de carnet d’adresse. Et puis dans les années 80, le quartier des Chartrons à Bordeaux s’est beaucoup développé et surtout dans le domaine du commerce de l’art. C’était une chance de pouvoir trouver un petit entrepôt bon marché pour entreposer mes objets. Aujourd’hui c’est quasiment inabordable !

Vous parlez de « carnet d’adresse », comment- avez-vous fait pour vous faire une place à bordeaux ?

J.C : Je connaissais une amie experte en orfèvrerie, elle m’a beaucoup aidé à me faire connaître en m’invitant à différentes expositions, réunions, vernissages. Puis de fil en aiguilles j’ai gardé des contacts. Le monde du marché de l’art est très fermé, tout le monde connait tout le monde. Il faut savoir à quel moment garder ses secrets et à quel moment faire de bonnes affaires !

Pourrais-t-on parler de vocation pour votre métier ? A-t-on besoin d’une bonne dose de passion ?
J.C : Sans cette passion qui nous anime nous marchand d’art, nous n’irions pas très loin. Il faut être très patient pour faire ce métier ! Parfois il y a de bonnes surprises, parfois la douche est plus froide je dirais ! Ce qui est sur c’est que pour se lancer dans ce métier il faut être sur de pouvoir assurer ses arrières.


C'est-à-dire ?

J.C : Je mentirai si je vous disais que je ne suis parti de rien. J’avais des économies personnelles importantes et grâce à ça lorsque les affaires ne marchaient pas bien je pouvais être sur de vivre convenablement. Je pense sincèrement qu’une personne n’ayant aucune ressource personnelle ne peut pas réussir dans ce milieu. Très souvent on dépense plus qu’on encaisse et il faut pouvoir gérer ça sinon on coule très rapidement.

Que pensez-vous du marché de l’art ancien en ce moment ?
J.C : On dit que le marché de l’art ancien est en plein décrépitude, je ne pense pas que ça soit le cas réellement. En trente ans de carrière j’ai vu la mode changer plus de trois fois. Aujourd’hui on dit que le contemporain fait l’affaire mais les prix flambent et les acheteurs ne pourront plus suivre bientôt. Je suis confiant, même si le marché de l’art ancien n’est pas à son apogée en ce moment, il le redeviendra certainement dans très peu de temps !

Esther

Frénésie latino-américaine

Pluies de records et chiffres en très forte hausse. Les ventes d’art latino-américain qui se sont tenues au mois de mai dernier à New York ont été triomphales. Jamais les « auctioneers » n’avaient réalisé un produit de vente aussi élevé : 33,9 millions de dollars chez Christie’s et 28 millions de dollars chez Sotheby’s.


Virgilio Garza, responsable du département d’art latino-américain chez Christie’s, explique :
« Ce n’est qu à la fin des années 1970 que l’on a commencé à réunir l’art latino-américain dans des ventes spécifiques. Nos ventes sont centrées sur l’art latino-américain, mais nous proposons aussi une section coloniale. Nous avons également une petite section d’art contemporain. »




Ces bons résultats ont bousculé les hiérarchies.
Frida Kahlo, qui occupait la première marche du podium avec Racines vendu en 2006 pour 5,6 millions de dollars, a été détrônée par Rufino Tamayo. Trovador, œuvre de 1945, a plus que doublé son estimation de 7,2 millions de dollars. Tamayo est aujourd’hui l’artiste latino-américain le plus cher au monde. Sa progression a été rapide. Il y a dix ans son record s’établissait à 2,5 millions de dollars.




En troisième position figure l’artiste mexicain Alfredo Martìnez dont les prix ont considérablement progressé ces deux dernières années. Son record, établi l’an passé, s’élève à 4 millions de dollars. Ses oeuvres de la période californienne, très prisées, se négocient entre 100 000 et 400 000 dollars.
On remarque aussi la bonne cote des surréalistes Roberto Matta et Wifredo Lam. Si une belle peinture de Matta des années 35/38 se négocie plus d’1million de dollars, ses créations des années 1960 et 1970 cotent entre 50 000 et 250 000 dollars. Pour une belle toile de Wifredo Lam, dont l’œuvre est plus rare sur le marché, comptez entre 500 000dollars et 1,5 millions de dollars.
L’adjudication record pour Diego Rivera, le plus connu des peintres muralistes mexicains, est de 3,2 millions de dollars.






Du côté des artistes contemporains, la palme va à Fernando Botero, l’artiste vivant actuellement le plus cher. Son record revient à une peinture de 1979, les Musiciens, qui s’est vendue plus de 2 millions de dollars. Derrière ces têtes d’affiche, on peut acquérir en vente publique de belles œuvres d’artistes de moindre notoriété entre 8 000 et 20 000 euros. C’est le cas notamment de l’artiste mexicain Victor Rodrìguez dont les oeuvres partent aux enchères entre 15 et 20 000 dollars.




Les collectionneurs les plus actifs sont originaires du Mexique, du Brésil, d’Argentine et des Caraïbes, où le nombre des milliardaires s’est multiplié depuis quelques années. L’avenir de ce marché apparaît florissant.
« Il est possible d’acquérir en en art latino-américain une pièce majeure pour un prix encore relativement peu élevé comparé au marché impressionniste ou contemporain. Le challenge est de trouver des œuvres importantes et de bonne qualité. Celles-ci deviennent de plus en plus rares » conclut Virgilio Garza.


Charlotte

L’art aborigène fait son entrée sur la grande scène française de la vente aux enchères

Le 7 juillet 2008, Artcurial organisait une vente aux enchères d’art aborigène. Une première en France !
Une grande émotion pour les quelques rares galeristes français de ce secteur qui attendaient cela depuis longtemps. En effet, l’engouement des collectionneurs et amateurs pour l’art aborigène suite à l’ouverture du musée des arts premiers au quai Branly au cours de laquelle l’artiste phare de la scène contemporaine de l’art aborigène John Mawurnjul offrait aux yeux des spectateurs la réalisation en directe de son œuvre in situ dans la librairie, est très vite retombée.
Depuis, les galeristes se sont vu quelques peu délaissés et ont tous du mal à voir leur chiffre d’affaires dépasser le simple seuil de rentabilité qui n’est pour certains même pas atteint.
Alors que leur voisins européens et outre-atlantique bénéficient d’une notoriété touchant ainsi le grand public, nos marchands d’art aborigènes nationaux tendent à se diversifier et même pour d’autres, à cultiver le rêve de se délocaliser.

Epuration, matériaux originaux et naturels (tels que des troncs d’arbres évidés, des écorces aplatie dans l’eau et séchée au feu, des pigments minéraux et végétaux), tradition. Voilà ce qu’offre les artistes aborigènes et ce que découvre le public et les collectionneurs avec un enthousiasme qui se ressent dans les chiffres en légère mais réelle augmentation, nouvellement réalisés par ce secteurs du marché de l’art.
238 338 euros. C’est le chiffre qui a été réalisé par cette vente de la collection Peter Los. Un chiffre certes pas renversant mais assez encourageant tout de même. D’autant qu’aucun travaux de John Mawurnjul précité ou de cette artiste de génie décédée en mai 2005 : Minnie Pwerle, considérés comme faisant partie des plus grands artistes aborigènes, n’ont été présentés à cette vente.De plus, seules des toiles ont étées proposées. Or, ce qui a le plus de succès à la vente ce sont les œuvres réalisées sur des supports originaux comme nous le disions précédemment.

Les hollow logs (troncs d’arbres évidés servant originellement d’urne funéraire et sur lesquels sont peints le plus souvent les origines du mort) sont assez prisés sur le marché. Il en va de même pour les peintures sur écorces dont on peut admirer quelques réalisations anciennes au musée du quai Branly.
Le record a été obtenu par une toile de Napangardi Eunice adjugé à 45 297 € suivi par Gabriella Possum, une artiste ayant déjà une notoriété sur le marché français et Tjupurrula Tolson dont les toiles ont été vendues à réciproquement 24 784 € et 22 306 €.. Gloria Petyarre, une artiste qui est également déjà connu des collectionneurs français a vendu une de ses toiles pour 2 330 €.

Cette vente à Artcurial redonne un souffle de vie économique à ce secteur du marché de l’art en France. Un petit coup de pouce dont il va falloir se servir au mieux et rapidement.

Repères: quelques artistes aborigènes contemporains réputés:

Minnie Pwerle
John Mawurnjul
Ronnie Tjampitjinpa
Dr George
Nancy Petyarre

Information pratiques:

Où admirer de l’art aborigène ?
- En Australie bien sûr.
- Au musée du quai Branly.
- Chez les galeristes :
- galerie Yapa 18, rue Saint Roch (75001 Paris),
- African Muse Galerie rue de l’hotel de ville (75003 Paris),
- 179 boulevard Perreire (75017 Paris) chez le vendeur en chambre Stephane Jacob

Anne-Laure