dimanche 8 mars 2009

Arts numérique

L’art numérique est’ il un marché de l’art émergent ?

L’art s’il est fondamentalement technique, est-il encore un art ? Se demander si l’art numérique est de l’art, c’est poser la question de sa légitimité, et de ses chances de traverser les siècles. L’art numérique a-t-il une existence propre, une spécificité ? Nous pourrions donc nous demander en quoi l’art numérique s’ancre dans une évolution sociale et culturelle globale, et si son émergence ne sera qu’éphémère, ou bien encore s’il y arriva à affirmer sa place dans l’art contemporain.



Pour commencer qu’est ce que l’art numérique ?

L’art numérique désigne l’ensemble des moyens par lequel l’Homme tend à atteindre un résultat artistique en utilisant l’ordinateur. Il peut être purement généré par un ordinateur ou bien provenir d’une source extérieure, telle qu’une photographie ou dessin numérisée par un scanner, ou une image dessinée en utilisant un logiciel à l’aide d’une souris ou d’une tablette graphique. Bien que techniquement le terme art numérique peut être appliqué à l’art utilisant d’autres médias informatiques ou processus de programmation, il est habituellement et couramment réservé pour des créations artistiques qui exigent l’intervention, le contrôle et la maitrise de l’Homme au cours de son processus de création.

L’art numérique n’a donc pas de forme physique puisqu’il peut être contenu dans un Cd-Rom ou un disque dur. L’achat de l’œuvre d’art se résume alors dans l’acquisition de ce support. Il est vrai que cette forme toute nouvelle d’art à de quoi dérouter les collectionneurs et les galeristes. Mais il semble que ce système, très nouveau, commence à être reconnu et apprécier, et peu à peu prend sa place dans l’art contemporain.

L’art numérique est t’il encore de l’art ?

Ayant assisté au développement de l’informatique, certains artistes contemporains se sont tout naturellement tourné à l’art assisté par un ordinateur. Effectivement libre et plus pratique, il permet de multiples et presque infini créations artistiques, pouvant restituer les « délires » les plus fou des artistes.

Pourtant il semble normal que la question de la place de l’art numérique se pose, comme à chaque nouvelle forme d’art est créé. Lorsque Picasso apporte la technique du collage dans ses toiles, ou que la photo devient artistique, à chaque nouvelle évolution, on se pose des questions tout à fait légitime et les marchants s’inquiètent quand au devenir de cette nouvelle discipline. Il semble que l’art numérique à eu du mal à s’intégrer dans le marché de l’art avec son support tout à fait particulier et peu rassurant, ces problèmes d’authenticités et de distribution… Mais face à ses problèmes, des fervents défenseurs dont les artistes eux même ont protégé leurs créations. Et de plus en plus l’art numérique s’expose, se montre et se vend, laissant ses détracteurs dans leurs débats.

Mais, en intégrant les espaces physiques, une multitude de questions se posent aux artistes et aux responsables de musées. Comment faire pour présenter une œuvre qui nécessite l’emploi de caméras, d’écrans géants et d’outils informatiques ? Comment réussir à faire participer le public à ce type d’expériences artistiques fondées sur l’interactivité ? Comment faire pour toucher le milieu des collectionneurs et des professionnels du marché de l’art ? Car si les festivals se multiplient, force est de constater que le public n’est pas toujours au rendez-vous et que l’art numérique manque d’une véritable presse critique qui aiderait à le populariser.

En effet, de plus en plus d’artistes choisissent ainsi de s’affranchir de la Toile et de l’écran de l’ordinateur pour exposer leurs travaux. Les galeries, les musées institutionnels, les espaces publics et même le corps humain deviennent ainsi des supports pour des œuvres vivantes, durables ou éphémères. Certes, le mouvement n’est pas nouveau. Dès les années 1970, l’art contemporain a vu apparaître des installations multimédias utilisant le son et la vidéo.

” Le premier problème est avant tout technique, analyse ainsi Grégory Chatonsky, jeune artiste français, auteur de nombreuses fictions interactives. La plupart des galeries et musées ne sont pas équipés pour des installations techniquement lourdes. Et puis il faut savoir que, par nature, les installations qui requièrent de l’informatique sont instables et sujettes aux dysfonctionnements. ” A ces contingences techniques s’ajoutent des problèmes de financement. Une installation peut coûter plusieurs centaines de milliers de francs. Des sommes qui refroidissent nombre de galeries et de musées, d’autant plus que beaucoup d’œuvres numériques ne sont pas vendables, donc impossibles à rentabiliser.

Mais la logistique n’est pas seule en cause dans les difficultés de l’art numérique à rencontrer public et critiques. Il souffre également d’une mauvaise réputation liée à son caractère technologique. ” Face à une installation, le public est rapidement déstabilisé, perdu, précise Grégory Chatonsky. Il a du mal à faire l’effort nécessaire pour rentrer dans l’œuvre. ” La faute sans doute à des mises en scène pas toujours très convaincantes et à un manque de scénarisation. Pour sortir de cette spirale et accéder enfin à la reconnaissance qu’il mérite, l’art numérique doit donc emprunter de nouvelles voies. ” Nous sommes dans une période intéressante de profondes mutations, estime Pierre Bongiovanni, directeur du CICV Pierre-Schaeffer (Centre international de création vidéo). Les jeunes artistes ont envie de produire du récit avec les outils de leur époque. Et je crois que l’on va dépasser le stade du bluff de la modernité technologique pour arriver à une prise de conscience de la nécessité de raconter des histoires à l’heure du numérique. ”

Construire des scénarios pour le réel, trouver les lieux appropriés et inventer de nouvelles scénographies : tels sont les défis à relever par les artistes de l’interactivité s’ils veulent rencontrer un plus large public, et gagner leur respectabilité au sein de l’art contemporain.

Florine

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