samedi 7 mars 2009

De la Rue à la Toile...

Si vous aimez comme moi vous promenez dans le quartier du marais à Paris, il est quasiment certain que vous êtes déjà passés devant un pochoir de Miss Tic ou devant un collage d’Obey ! On voit depuis maintenant presque trente ans que la rue est devenue support pour nombre d’artistes et leur réalisations (graffitis, collages, pochoirs) font partie intégrante de notre paysage !

Il y a un an j’ai surpris (et surpris est le mot !) le photographe Jr en plein collage sur les murs du 4ème arrondissement de Paris, cette rencontre fortuite et éclaire a fait naître en moi une question: qu’en est-il de la reconnaissance artistique de ces personnes sur le marché de l’art ? Et la réponse à cette question se trouve dans les résultats des maisons de ventes telles que Bonhams (Londres) ou encore Artcurial (Paris), dans des galeries d’art contemporain telles que Mount Street à Londres, Agnès B à paris, Fashion Moda, Fun Gallery et Tony Shafrazi à New York! La côte des artistes passés du mur à la toile, a explosé depuis deux ans. Le record du monde de vente pour une œuvre Street Art revient à Banksy : une toile adjugé 1.650 000 euros au marteau chez Bonhams. La rue mène à tout à condition d’en sortir...

Tels les précurseurs Jean-Michel Basquiat et Keith Harring, certains de ces artistes de la clandestinité se sont transformés en recordmen des ventes publiques. Jusqu’en 2007, les enchères françaises ne dépassaient pas les 6000 euros, quand Space Girl and Bird de Banksy explose son estimation à Londres chez Bonhams et part à 288 000£. L’engrenage est lancé : ventes thématiques chez Bonhams et Artcurial, multiplication des galeries des deux côtés de la Manche. Les plus prisés restent sans conteste les Américains « historiques », ceux qui ont remplie les murs de leur signature et couvert de tags le métro New Yorkais dans les années 1970-1980.Parmi ces artistes on a : Futura avec Mutual of Omaba (29 700€), Crash avec Call Crash (43 400€), deux records mondiaux chez Artcurial, Quik avec Love Wil Tear Use Apart (24 700€) encore chez Artcurial mais la star du marché reste sans conteste Banksy avec ses 117 600£ obtenus avec Tesco Value Tomato Soup chez Bonhams lors de la deuxième vente d’Urban Art de la maison .

Du côté Français, on souligne évidemment Blek le Rat, auteur de pochoirs de Florence Aubenas ou de Gainsbourg. Il est en effet un des seuls français à briller à l’étranger, et ce grâce à la confession de Banksy « Chaque fois que je pense avoir peint quelque chose d’original, je découvre que Blek le rat l’a non seulement fait mais 20 ans auparavant ! ». Depuis que Banksy a révélé que Blek, dont il partage le leitmotiv animal, était son modèle, les prix de ce dernier ont grimpés. La date influe peu sur les prix car l’artiste utilise au fil du temps les mêmes pochoirs. Son Mendiant à Paris de 2006 (numéro 1 d’une édition de 3) a été adjugé 15 600£ chez Christie’s Londres le 1er Juillet 2008. D’autres vétérans sont plus abordables : il faut compter entre 1000 à 15 000€ pour les jeux de mots de Miss Tic, en vente chez Lélia Mordoch et autour de 5000€ pour un Jeff Aérosol. Galvaudé par une diffusion excessive, les personnages blancs de Jérôme Mesnager, eux plafonnant à 2000€ auront peu de chance de voir leur côte s’envoler. Et pour quelques centaines voir milliers d’euros, on trouve la nouvelle génération comme Alëxone ou Fafi.

Même si la puissance du geste et l’énergie de la rue séduisent de plus en plus d’amateurs et d’investisseurs, le street art reste un marché encore en pleine progression, en proie comme tous les autres marchés à la conjoncture économique du moment. Le danger pour ce marché serait qu’il devienne un effet de mode.

Esther

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