jeudi 5 mars 2009

Reportage: La passion d’antiquaire



C’est en flânant dans le quartier de saint germain que je suis partie à la rencontre d’un antiquaire, M. François Belliard, implanté dans le très chic carré rive gauche.

Nouvellement installé dans Paris (depuis septembre 2008 ndlr), cet antiquaire expose dans sa galerie du mobilier et des objets d'art du XVIIIème.
Pourquoi une telle passion pour ce siècle ? En fait, il est fasciné par le galbe et les courbes des sièges de cette époque : tout est dans la forme ! Il admire beaucoup la maîtrise des ébénistes du XVIIIème.

Depuis 30ans, il exerce le métier d’antiquaire. Sa vocation est née en visitant des musées et en chinant dans les brocantes de sa région.
Antérieurement installé comme antiquaire à Rouen, il y tient toujours un magasin de brocante. Il m’explique que dans les années 70, les américains venaient à Rouen : le taux de change du dollar leur était plus favorable et la ville avait une importante concentration d’antiquaires en matière de meubles, ce qui plaisait aux étrangers. Aujourd’hui Rouen reste une belle ville d’art, mais elle attire moins les visiteurs. Les étrangers se procurent à Paris le mobilier qu’ils achètent en France : pour la plupart, ils ont un pied à terre dans la capitale et ne font pas le déplacement en province.

A Paris, la clientèle de M. Belliard se compose surtout d’étrangers (américains), mais aussi de décorateurs ainsi que de clients français appréciant la tradition du XVIIIème.
Le mobilier provient de successions et de ventes après divorce. Par ailleurs, il achète en salle de ventes, notamment Drouot, où il va régulièrement (3 fois par semaine ndlr).
Le but est de repérer un objet sensationnel que personne n’a déjà remarqué pour créer un effet de surprise en le présentant à une clientèle choisie. Il s’agit d’avoir le 1er œil.

Sa journée-type : il commence ses journées en changeant la disposition des meubles dans sa galerie. Ensuite, il visite les différents corps de métiers : doreurs, ébénistes, sculpteurs et bronziers. Il s’occupe des livraisons, de la recherche sur les objets pour donner le plus de renseignements sur chaque œuvre au client.
L’étape incontournable est Drouot où il y va pour flâner, s’imprégner des pièces et se tenir au courant
Une autre partie de son métier, tout aussi intéressante est l’expertise de meubles et d’objets d’art, parfois en province.
Hélas, l’administration fait aussi partie de ses occupations : il doit tenir sa comptabilité et un livre de police.
L’antiquaire est très libre de l’organisation de son emploi du temps : c’est un métier polyvalent et qui demande à la fois un approfondissement permanent des connaissances artistiques et un bon sens commercial.


Il me raconte une anecdote : un couple modeste vient lui proposer un tableau représentant la fuite en Égypte, que ce couple estime à 5.000 €. Ce prix, compte tenu de la qualité du tableau, lui paraît dérisoire, sa propre estimation étant bien supérieure. Finalement, lors de la vente aux enchères, le tableau atteindra la valeur de 200 000 €. Il demande naturellement au couple d’où vient cette oeuvre : ils étaient gardiens d’un château et les propriétaires avant de partir leur ont donné en cadeau trois œuvres.


Pour conclure notre rendez-vous, je lui pose deux questions :


Nous sommes en pleine crise et les goûts des clients ont changé. Comment vous adaptez-vous à ce changement ?

Avec la crise, je fais très attention aux achats, car je finance moi même le stock. J’évite les oeuvres trop classiques. Je recherche des objets décoratifs. Cependant, en matière de goût, les français sont plus attirés par le design, mais les américains achètent un peu de tout : ils ont un éventail plus large.


Enfin, quel est votre point de vue sur les divers marchés de l’art émergent ?

Je pense qu’il s’agit d’un effet de mode, pur snobisme, artificiel. Le contemporain s’écroule facilement.





Charlotte

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