lundi 9 mars 2009

Le marché de la BD, une bulle effervescente!

Si le marché des planches originales est désormais connu de tous, le marché des éditions originales et des objets dérivés fait moins les gros titres. Une petite remise à niveau ne serait pas inutile.

Le marché originel de la BD est et a toujours été la bibliophilie, c'est-à-dire l’album en lui-même qui pour les lecteurs de 7 à 77 ans, est la combinaison du plaisir de la lecture et de l’amour du dessin. L’affection toute particulière qui lie un lecteur et un album fait donc de chaque amateur un potentiel collectionneur ! Ce marché est devenue de plus en plus pointu et rigoureux. Les éditions originales prirent réellement leur essor au tournant des années 1970-1980 alors que les premiers tomes des séries populaires étaient épuisés depuis longtemps ou réédités dans une qualité d’impression inférieure. Aujourd’hui aux enchères, les éditions originales d’une série ayant connu un succès public se vendront de 25 à 7 000 €, les vedettes du 9ème art tenant bien entendu le haut du pavé. Ainsi en est-il de l’édition originale de Rodeo (Dupuis, 1949), deuxième tome des aventures de Lucky Luke par Morris, vendu 5 220 € le 19 mars 2005 chez Tajan. Mais également des Cigares du pharaon, une aventure de Tintin par Hergé (Casterman, 1942) vendu 6 264 € le 19 avril 2008 chez Tajan.

A Drouot, des affaires sont toujours possibles, notamment lors des ventes de lots, mais attention aux déchirures, cornages et autres tâches, apanage des BD maltraitées : les collectionneurs exigeants ne s’y attarderont pas. Attention aussi aux séries surcotées ayant profité d’un effet de mode ces dernières années. Car c’est l’autre réalité du marché de la BD : beaucoup de prix sont rachetés. En effet les prix croissant de façon parfois irrationnelle, ce marché s’est essoufflé et se retrouve, depuis quelques années, en perte de vitesse pour le bas et le milieu de gamme. A Drouot comme chez les libraires, seules les séries phares en excellent états restent, plus que jamais, des valeurs sûres.

Une frénésie semblable, mais heureusement éphémère, s’est emparée des collectionneurs avec la multiplications des éditions de luxe, ou « tirages de tête », publiées par une myriade de petites maisons spécialisées et de libraire qui, éblouis par le succès, n’ont pas vu l’essoufflement d’un marché en manque de renouvellement. L’industrialisation des procédés a vite été trop voyante ; réutilisation des même maquettes, applications des même tirages et banalisation du principe pour tous les titres, ont fini de décevoir un public pourtant prêt jusqu’à là payer 150 € pour certains albums !

Pour relancer l’envie des lecteurs, un troisième mouvement fit son apparition, lancé cette fois par les librairies, celui des ex-libris, des tirés à parts numérotés et signés par l’auteur, insérés dans les albums. Balançant entre objets de collection et produit de mode, les ex-libris ont connu depuis un très net recul après une véritable folie ! Encore une fois le succès de l’opération a entraîné une surproduction entraînant par la suite une baisse de la qualité des supports, passant progressivement de la sérigraphie à l’offset, véritable insulte aux amateurs avisés. Désormais seul le haut de gamme en excellent état pourra trouver preneur, le marché dans son ensemble tournant le dos à ces objets dérivés trop commerciaux.

La BD, a fait un beau chemin depuis sa revalorisation et a définitivement gagné ses lettre de noblesse au point de se professionnaliser et de conquérir jusqu’à Drouot Montaigne, disputant aux enchères millionnaires de l’art moderne et contemporain les cimaises des ventes les plus prestigieuses. Par conséquent, les perspectives à Drouot n’ont jamais été aussi réjouissantes, mais seulement pour les produits exceptionnels… dans un état exceptionnel !

Esther

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